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Agent Destructeur

By Jérémie Damoiseau, DVD Fight, September 2001

 

UN PRODUIT FRANCHISE PICTURES
Si la société de production Franchise Pictures (fondée par Elie Samaha, Ashok Amritraj le producteur de Double Impact, et l'acteur de thrillers érotiques Andrew Stevens) peut aujourd'hui s'enorgueillir de films tels que L'Art de la Guerre avec Wesley Snipes, les derniers Stallone Get Carter et Driven de Renny Harlin ou même The Pledge de Sean Penn présenté à Cannes, son catalogue est plombé par des dizaines d'actioners, avec tous les ténors de la vidéo de Frank Zagarino à Don Wilson en passant par les Jeff (Speakman et Wincott), Daniel Baldwin, et Michael Dudikoff et autres, sous l'objectif des maîtres kitsch Jim Wynorski et Fred Olen Ray. Sous la bannière de Franchise (successivement Royal Oaks, Phoenician Entertainment et Franchise) ont été produits surtout des films militaires à haute teneur en avions furtifs, sous-marins, et autres porte-avions, histoire de recycler l'équipement obtenu en partie grâce à une collaboration de longue date avec l'armée américaine (Desert Fox, Fallout, Mission Scorpio One, Nuclear Alert, Sonic Impact...). Le film Agent Destructeur (Agent Red) ne fait donc pas tâche chez Franchise, et met un terme à leur contrat avec Dolph Lundgren qui avait tourné le suspense militaire Storm Catcher et le thriller SM Jill The Killer (Jill Rips) entre les mains du réalisateur Anthony Hickox (Waxwork, Hellraiser III).

DE CAPTURED A AGENT RED
Alors nommé Captured, Agent Destructeur a d'abord été écrit par Kevin Bernhardt, le scénariste qui avait offert à Dolph Lundgren deux de ses meilleurs rôles dans Sweepers et Jill The Killer. L'histoire était celle de Jim Solomen, un assassin payé pour tuer tous les hommes impliqués dans le kidnapping, par un marchand d'esclaves, de la fille d'un riche homme d'affaires. Cette mission conduit Solomen en extrême orient où il a besoin d'un avion F14 et d'un sous-marin de l'US Navy pour accomplir sa vendetta. Il apprend que les kidnappeurs ont des intentions destructrices et que le gouvernement et les Triades sont impliqués. C'est alors que la machine à tuer devient tour à tour le chasseur et la proie... Rien de bien original ou captivant mais pourquoi pas si Dolph parvient à apporter un peu d'humanité à cette histoire...
Hélas! Le film est malheureusement réécrit par le réalisateur Damian Lee, ce qui donne maintenant ceci: le marine Matt Hendricks doit rapatrier aux Etats Unis un virus mortel appelé Agent Rouge, autrefois volé par les Russes. Des terroristes Russes s'emparent du sous-marin New Orleans dans lequel sont bloqués Hendricks et son ex fiancée experte en armes chimique. Ils doivent tous les deux reprendre le contrôle du sous-marin avant que les terroristes n'utilisent le virus contre New York et Moscou. Damian Lee affirme s'être inspiré du livre intitulé Crisis In The Hot Zone, également à l'origine d'Outbreak de Wolfgang Petersen (avec Dustin Hoffman et René Russo). Que se passerait-il si une maladie contagieuse était fabriquée et utilisée comme une arme biochimique? Oui et après? Le film ne prétend pas répondre à cette question qu'il ne pose pas vraiment.

AGENT INOFFENSIF
Egalement producteur exécutif de Jill The Killer, Damian Lee a auparavant réalisé des films d'action pour Jeff Wincott (Jungle Law, No Exit) ou Michael Dudikoff (La Dernière Cible). Il s'avère malheureusement être un tâcheron qui n'a le sens ni de la mise en scène, ni du casting (voir la prestation de Randolph Mantooth, un revenant de la série Emergency, fin des années 70), et le manque des deux rend le film autrement plus destructeur (les plans fixes des officiers philosophant sur les dégâts que peut causer le virus)! Apparemment, le premier montage est tellement exaspérant que Steve Latshaw (réalisateur du sympathique Biohazard 2!) a été engagé pour réécrire près de 40 minutes coupées du film pour en faire un remake non avoué de Contre Offensive avec Michael Dudikoff. Contre Offensive (écrit par Latshaw et produit par Franchise évidemment!) étant bien sûr déjà une resucée de remake de copie (pas besoin de citer les Piège de Cristal, A la poursuite d'Octobre Rouge, et autres Piège en Haute Mer ou USS Alabama). Pour couronner le tout le film est gonflé de stock shots issus de Contre Offensive (!), du Guerrier d'Acier, et de Storm Catcher, dont Hickox avait fait un chef d'oeuvre du genre à partir d'un scénario à peine plus excitant que celui d'Agent Destructeur. En fait, Franchise Pictures se rend hommage à elle-même, compilant aussi toutes les musiques composées par David et Eric Wurst pour pratiquement tous leurs films à tendance militaire.

PRESTATION CACHEE
Comme le remarque le réalisateur, Dolph Lundgren présente maintenant des qualités d'acteur plus profondes, il joue maintenant avec beaucoup plus de confiance. Ici, l'acteur fait tout de même ce qu'il peut pour faire oublier sa présence dans cette galère, son personnage étant encore plus transparent que les méchants notamment, et il a la présence d'esprit de nous prévenir au début : "On dirait un mauvais film d'action"! Et quand on lui demande ce qu'il compte faire, de répondre simplement :"J'en sais rien. Les tuer tous!" Et c'est malheureusement la seule chose qu'il lui reste à faire, en espérant qu'il confie la mise en scène de Legion, qu'il a co-écrit (ça promet) avec Lee (ça fait peur!), à un cinéaste ayant un minimum de personnalité. En attendant, on pourra bientôt le retrouver dans The Last Patrol de Sheldon Lettich et aussi surtout dans Hidden Agenda, un thriller assez malin réalisé par Marc "ce gars-là devrait bientôt faire parler de lui" S. Grenier.