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Dolph Lundgren
Portrait

By Jérémie Damoiseau, DVD Fight, July 2001

 

LE STAKHANOVISTE DE L'ACTION
S'il est un acteur malchanceux à Hollywood, c'est bien Dolph Lundgren. Propulsé star du muscle par son premier rôle dans Rocky IV, Dolph Lundgren a toujours clamé qu'il voulait faire autre chose que des films d'actions. Mais ses nombreuses tentatives pour casser son image de brute n'ont pas tout à fait porté leurs fruits. Et le voilà, quinze ans plus tard, toujours prêt à éradiquer n'importe quelle menace contre l'humanité. Il désobéi encore lorsqu'on lui ordonne de tuer une cible (Assassin Warrior, Le Dernier des Dragons), il accueil avec la même rigueur les menaces terroristes (Etat d'Urgence, Storm Catcher, Agent Destructeur), et vote contre les mines antipersonnel en Angola (Sweepers).
Plutôt humble et timide, Dolph n'a jamais cherché à s'imposer auprès des grands studios, contrairement à son collègue Jean-Claude Van Damme. Il a vite compris qu'il était devenu une star avant d'être un acteur et que construire sa carrière lui prendrait un peu de temps. Chacun des films qu'il a tourné lui donnait l'opportunité d'apporter quelque chose de nouveau dans sa carrière. C'est pourquoi des titres tel Le Scorpion Rouge ou Punisher ne font pas forcément briller sa filmographie, mais ils ont toutefois permis à Dolph d'interpréter des personnages sombres et ambigus qui le démarquaient des autres musclés du cinéma d'action.
C'est ce qui lui a permis de se faire remarquer par le réalisateur Andrzej Zulawski (L'Important c'est d'Aimer, Possession, La Fidélité) avec qui il a failli tourner en 1990 Le Tigre, si la production n'avait pas eu de problème de financement. Deux ans plus tard, Lundgren revient dans Universal Soldier, et impressionne comme dans Rocky IV. Les dialogues et l'humour en plus. Le film, qui reste le plus gros succès de Lundgren comme de Van Damme, n'apporte à Dolph que temporairement l'attention qui lui est due, les producteurs américains n'ayant pas l'air de s'intéresser à cet ex chimiste au look extraterrestre. Il enchaînera donc sur un western contemporain (Au-dessus de la Loi), un drame sportif (Pentathlon) et un excellent film de mercenaires L'Homme de Guerre, écrit par John Sayles (Lone Star), mais passé inaperçu dans les salles.

NOUVEAU DEPART ?
En 1994, les choses semblent bouger. Dolph tourne dans la première adaptation de l'écrivain cyberpunk William Gibson, Johnny Mnemonic, dont le rôle titre a fait l'objet d'une lutte acharnée parmi les acteurs hollywoodiens. Le Suédois y trouve son meilleur rôle, celui d'un prêcheur illuminé et chasseur de primes. Un contre emploi hilarant qui place Dolph Lundgren en tête d'un casting haut de gamme : Keanu Reeves, Takeshi Kitano, Ice-T, Barbara Sukowa. Ayant fait l'objet d'un remontage (destructeur) suite au succès de Keanu Reeves dans Speed, le film s'avère être un flop tant artistique que commercial. Il ne reste alors plus grand chose de la performance de Dolph qui pour beaucoup de critiques a été l'unique surprise du film.

THE SHOOTER
La même année, Dolph Lundgren doit abandonner un projet qui le tient à coeur, réalisé par John Dahl (Red Rock West, Last Seduction) d'après un scénario de John Carpenter : Meltdown aurait été un thriller avec des terroristes menaçant de faire sauter une centrale nucléaire. Le film est stoppé après une semaine de tournage (en Autriche) pour des problèmes juridiques. Lundgren entame donc de suite le tournage de The Shooter du Canadien Ted Kotcheff, avec pour partenaires la Hollandaise Maruschka Detmers (Prénom Carmen, Le Diable au corps) et l'Espagnole Assumpta Serna (Le Maître d'escrime). Le film devait à l'origine se tourner à Paris, mais la ville de Prague, tout aussi photogénique que notre capitale, offrait un décor naturel beaucoup moins exploité au cinéma. On ne s'étonnera pas d'ailleurs, que des productions telles que Immortal Beloved ou Mission Impossible s'y soient installées par la suite.
Pour Dolph Lundgren, The Shooter marquait sa première coproduction européenne ce qui était nouveau pour lui. Dans la lignée d'Envoyé spécial plus que de Punisher, le film n'a pas été tourné comme un simple film d'action dans lequel il aurait à descendre un maximum de figurants, contrairement à ce que le titre suggère, mais comme un thriller politique et psychologique. Il était important de donner sa part de mystère au film. Michael Dane, le personnage qu'incarne Dolph, ne sort pas son flingue toutes les cinq minutes et n'est pas le tireur en question. C'est un homme qui revient dans sa ville natale et met en doute ses propres convictions afin de déjouer un complot politique. L'intérêt réside dans la relation qu'il entretient avec sa suspecte, Simone Rosset. Celle-ci, ex terroriste, l'amène à se poser autant de questions sur sa mission que sur lui-même.
Sous la direction du réalisateur de Rambo, Lundgren a donc eu la chance de se mesurer avec Maruschka Detmers et Assumpta Serna, peu habituées au cinéma d'action. Travailler avec ces deux grandes actrices faisait parti des défis à relever dans The Shooter. Ted Kotcheff venant du théâtre, Dolph a été dirigé différemment, avec une caméra moins mobile et des plans plus longs que dans ses autres films. Il semble un peu mal à l'aise, mais cette gêne disparaîtra dans ses films suivants notamment réalisés par Russell Mulcahy (Assassin Warrior) ou John Woo (Blackjack). N'oublions pas que Dolph Lundgren fait partie des rares acteurs de films d'action à prendre régulièrement des cours de comédie ou à jouer dans des petites pièces de théâtre à New York! Espérons donc qu'il puisse imposer ses projets et prouver qu'il en a dans le cerveau.