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Les Maîtres
de l'Univers
by Michel VOLETTI,
Impact (France), #11, December 1987
Si on vous dit Musclor,
les Maîtres de l'Univers, vous répondez quoi? Des
jouets pour les moins de 10 ans, un dessin animé débile
à tous les niveaux...Ben non. Les Maîtres de l'Univers est devenu un
film rutilant, débordant de rayons laser et de vilains
ourdissant une nouvelle guerre des étoiles.
Pas de problème, Les
Maîtres de l'Univers ne souffre pas d'un budget mesquin.
C'est une production ambitieuse débutant par un générique
pétaradant des mêmes envolées lyriques que
La Guerre des Etoiles. Rapidement les faits sont exposés.
Skeletor, l'affreux et démoniaque tyran d'une galaxie
lointaine, met à feu et à sang la planète
Eternia. Mais son ennemi intime, le preux He-man (Musclor si
vous préférez) lui échappe encore et toujours.
Cette fois-ci, He-man trouve son salut grâce à une
clé cosmique qui l'expédie, lui et ses sbires,
dans un petit bled américain de 1987. Toujours à
l'affût, les méchants débarquent, d'abord
représentés par un quatuor de mercenaires imbéciles,
puis en masse. Evidemment, Les Maîtres de l'Univers
ne révolutionnera pas la science-fiction cinématographique
mais l'utilisation d'éléments aussi nombreux que
variés (paradoxe temporel, pseudo-vampirisme...) ne lasse
jamais. Bref, on s'amuse follement sans vraiment se soucier de
la ressemblance évidence avec La Guerre des Etoiles.
Le rythme fait la force des Maîtres de l'Univers,
un rythme qui ne décroît jamais de la première
à la dernière image. L'ennui, faut le chercher
ailleurs. Mieux que la rapidité du montage, les qualités
plastiques du film de Gary Goddard. Les décors foisonnent,
tous de conception originale et béneficiant d'un désign
baroque en provenance directe des oeuvres d'héroïc-fantasy.
Il y a une vue saisissante de la forteresse de Skeletor, crâne
immense d'où jaillissent des pics et isolé sur
une étendue ravagée, la salle du trône ornée
de statues géantes, la caverne de Gwildor, le facétieux
lutin et inventeur génial... Question maquillages, les
efforts sont probants. Les quatre mercenaires à la solde
de Skeletor ont, par exemple, de bonnes têtes bien hideuses.
L'un ressemble à Michael Berryman ( le fou de La Colline
a des Yeux) avec une balafre qui lui barre le visage, l'autre
est un lézard humanoïde, le troisième un serpent
à pattes arborant une impressionnante chevelure blanche
tirée en arrière...Le Skeletor que joue Frank Langella
est tout à fait plauside, visage complètement osseux,
livide, des yeux très noirs, mais tout cela n'est pas
rigide et bouge sensiblement. Titulaire du rôle d'Evil-Lyn,
la comparse de Skeletor, Meg Foster (Osterman Week-end, la Forêt
d'Emeraude) se passe de tout maquillage. Ses yeux d'un bleu très
clair et profond, lui suffisent. "Des yeux étranges"
comme dit l'un des personnages. Fleuron des Maîtres
de l'Univers en matière de make-up : Gwildor dont
les bajoues dépassent le menton!
Au niveau des effets spéciaux visuels, le film offre un
large éventail de feux d'artifice portant la signature
de Richard Edlund, le magicien de S.O.S. Fantômes et de
Jack Burton. Relevons l'espèce de distorsion de l'image
qui marque une faille dans l'espace-temps, les rayons issus des
doigts de Skeletor... Mais une séquence surtout mérite
qu'on s'y arrête : l'erruption de fantassins chevauchant
des mini-soucoupes filant à grande vitesse. C'est assez
étonnant, d'autant que les transparences sont imperceptibles.
Les déplacements du vaisseau de Skeletor sont orchestrés
avec la même habileté, surtout quand il parcourt
la rue principale d'une petite localité américaine.
Détail savoureux : personne dans la population ne semble
s'inquièter de sa présence!
En définitive, Les Maîtres de l'Univers a
été conçu pour plaire. Objectif atteint.
Morceaux de bravoure, héroïsme, manichéisme,
effets spéciaux, humour, happy-end dans la tradition...
Rien ne manque. Y compris un Skeletor très second degré
qui se permet d'ironiser sur le principes chers aux héros
de cette histoire pour les 7 à 77 ans. |